Sombres portraits
Librement inspiré du travail de Paolo Roversi, j’ai réalisé une série de portraits à la chambre 8×10.
Le contexte de prise de vue est assez contraignant : pose longue, éclairage continu et sans vêtement. Une des satisfaction de ce projet est de convaincre que les photos réalisées sont à la hauteur du risque pris par le modèle qui est en position d’inconfort et de vulnérabilité.
J’ai utilisé du papier orthochromatique à la prise de vue pour un rendu contrasté et une ambiance très sombre.
Souvenirs côtiers
Originaire de la région, j’ai passé mon enfance dans le Pas-de-Calais. Jusqu’à l’âge de 10 ans, la sortie à la plage était une activité régulière. Le retour sur la côte d’opale a été comme un voyage dans le temps. Souvenirs diffus de vent, de grand espaces, de jeux d’enfant et aussi de solitude.
La photographie a ceci de commun avec le souvenir que l’on ne retient qu’un point de vue, sa vision d’un événement. En revanche le souvenir est plus complet, intégrant le son, les odeurs, les sensations mais tout cela est très malléable dans le temps.
Les images présentées sont issues de déambulation sur ce bord de mer à la recherche de ses impressions enfouies. L’utilisation d’un sténopé artisanal m’a aider à la réalisation d’images intemporelles.
Yaël Paris – 2019
Cette série fait parti d’un projet du collectif [Collimateurs]
Convergences
Le canal de la Marne au Rhin fût un vecteur stratégique du transport de marchandise et notamment de charbon principale source d’énergie au XIXème siècle.
Depuis les canaux sont tombés en désuétude et sont désormais le lieu de la plaisance fluviale. Le charbon a été supplanté par le pétrole et l’électricité, le transport se faisant par route, voie ferrée ou ligne à haute tension.
Dans cet essai photographique, je me suis attaché aux convergences entre ces lignes tracées par l’homme pour l’alimentation de l’industrie au milieu du paysage Lorrain.
Yaël Paris – 2018
Errance Nocturne
[…] Le jour me fatigue et m’ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m’habille avec lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau. Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m’envahit. Je m’éveille, je m’anime. A mesure que l’ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux. Je la regarde s’épaissir la grande ombre douce tombée du ciel : elle noie la ville, comme une onde insaisissable et impénétrable, elle cache, efface, détruit les couleurs, les formes, étreint les maisons, les êtres, les monuments de son imperceptible toucher. […]
Guy de Maupassant
Je(ux) de Miroir
Cette série de portraits est réalisée à la chambre 4×5 sur du papier direct positif, le développement des images se fait au fur et à mesure de la séance et l’image produite est inversée comme celle d’un miroir.
Je suis venu à cette pratique en suivant ma recherche d’un rendu à la fois interprétatif et organique. Chaque image est unique, à l’image des personnes photographiées. Mon intervention se limite à la mise en lumière et la personne photographiée assiste à la révélation de l’image.
La rencontre entre la personne physique et son image est tout aussi intéressante que la prise de vue et permet une dynamique assez ludique sur l’image de soi.
Corps dévoilés
<< Le voile est un accessoire avec une tradition culturelle ancienne, attestée depuis l’Antiquité et qui est empreinte d’une symbolique propre à chaque contexte culturel ou religieux. Il renvoie à l’image qu’il convient de donner de soi et au rapport au corps : il a pour but de marquer les différences sociales, la respectabilité, le sacré. >> (wikipedia)
Dans cette série, je me suis employé à utiliser le voile comme un atour magnifique pour révéler ces corps féminins que d’aucuns voudraient emprisonner.
Ces photographies sont réalisées en pose longue. Après avoir mis en place l’éclairage et déterminé la pose et le cadrage, ma tâche est de faire une sculpture temporelle avec le tissu afin d’habiller ces femmes.
Tattoos Trichromes
Ici sont rassemblés une série de portraits de tatouées réalisée en trichromie.
Cette technique permet de faire des images couleurs à partir de film noir et blanc.
La nécessité de faire plusieurs prises de vue ajoute une étrangeté ou une dimension temporelle aux images.
Courbes ²
Quels sont les corps que l’on doit montrer et comment convient-il de les représenter ?
Notre espace visuel est saturé d’images stéréotypées avec des corps jeunes, minces à l’extrême, retouchés jusqu’à en perdre leur humanité.
Les corps ici sont vrais, il n’y a pas de critère d’exclusion mais l’envie de montrer une diversité de corps et les changements que celui ci peut subir au travers des événements de la vie, heureux ou malheureux, qui altèrent notre corps en même temps qu’ils forgent notre psychologie.
Lignes de front
Depuis que nous vivons dans un espace de libre circulation, les frontières, sans être supprimées, nous sont moins perceptibles. Autrefois enjeux de rapport de force, d’affirmation de souveraineté, elles sont désormais intangibles.
Ce projet cherche à questionner l’influence des frontières immatérielles sur le paysage. Mon parcours s’est situé sur l’axe est-ouest du pays des trois frontières, à la recherche de singularités sur les lignes imaginaires délimitant les Etats-nations.
La région traversée, de la plaine de Burmerange au travers du plateau du Stromberg, suivant les coteaux de la Moselle pour rejoindre les vallées fertiles, est un lieu paisible dédié à l’agriculture. Quelques indices matériels tels que les anciennes bornes frontières situées de part et d’autre de la frontière actuelle et la Chapelle de la Paix, érigée en mémoire des soldats morts pour les trois pays Allemagne, France et Luxembourg, nous rappellent un passé tourmenté.
Yaël Paris – 2014
Cette série fait parti d’un projet du collectif [Collimateurs] Trois Frontières