Vous avez pu remarquer qu’il y a peu de mise à jour sur ce site. La faute en incombe à un manque de temps du à mes activités professionnelles ainsi qu’un manque de motivation saisonnière. L’automne est une période propice à l’analyse et la remise en question du travail effectué dans l’année.
Souvent je lis des articles ou voit des commentaires disant en substance : « pourquoi tu t’embêtes avec l’argentique, ça coûte cher, c’est compliqué! C’est quoi l’intérêt autant se focaliser sur le reste ». Je ne suis pas un grand littéraire mais je vais essayer d’exprimer mon opinion sur le sujet. Les arguments proposés sont recevables mais c’est quoi « le reste » ? Si c’est un soin particulier apporté à la mise en scène – choix du lieux, des protagonistes, positionnement, lumière – je ne peux qu’être d’accord. Si c’est un temps incroyable de post production pour transformer une personne en créature de magazine ou rattraper les défauts de prise de vue, ça me pose un problème.
Et voilà ma principale motivation: obtenir un résultat à la prise de vue. Une attention portée à la personne que je photographie, comment la mettre en lumière de la plus belle des façons sans la dénaturer. La beauté se trouve dans la singularité pas dans l’homogénéité. L’utilisation de l’argentique me permet d’avoir un rendu organique qui se prête bien au vivant, le grain des sels d’argent se mêle au grain de la peau pour un rendu tout en douceur et nuances. La photo n’est plus une inspection chirurgicale du moindre des défauts mais une interprétation des formes du visage ou de la silhouette des corps. En repassant le contrôle au photographe aux différentes étapes plutôt qu’aux automatismes, on obtient quelque chose de plus personnel.
La relative complexité de la mise en œuvre de l’argentique fait aussi parti de la démarche. Je considère que quelque soit le domaine, on obtient pas de résultats en choisissant la facilité. La compréhension de chaque étape me permet de comprendre les limitations et de m’en servir dans ma construction d’image.
Pour finir, ce texte étant déjà fort long, avoir une image physique dans les mains plutôt qu’une fugace image qui passe sur un écran au milieu de milliers d’autres, c’est la satisfaction d’avoir réalisé quelque chose de concret. Échapper à la dictature du flux, à l’instantanéité, à la facilité, au zapping incessant. Passer du temps avec les autres et passer du temps à construire quelque chose, voici mes motivations. Pour autant je n’oppose pas la pratique numérique à l’argentique. J’utilise fréquemment les deux. Le numérique permet plein de belles choses en repoussant certaines limites à la créativité, ça c’est super. En revanche, céder à la course au pixels et à l’obsolescence programmé avec un renouvellement permanent de matériel sans plus-value sur l’image, je ne vois pas l’intérêt pour les photographes.
Si vous êtes arrivés jusque-là, merci de m’avoir lu et j’espère pouvoir vous soumettre à nouveau de nouvelles images. N’hésitez pas à commenter si vous le souhaitez, je prendrai le soin de vous répondre.
Cordialement,
Yael